L’émergence du privé dans la culture : risques et opportunités pour les métiers de la création

1) Le rapport complexe entre économie et culture

Pendant longtemps l’économie et la culture sont apparues comme deux termes totalement antinomiques. L’économie étant présentée comme une science austère et mathématique incompatible avec la créativité inhérente au domaine culturel. Mais le discours économique s’immisce tous les jours davantage dans le monde de la culture et nous sommes désormais à une époque où les théâtres, les bibliothèques et les musées sont de moins en moins souvent administrés par des artistes ou des scientifiques et où la culture, dans son ensemble, est pensée à partir de l’ « économie de la créativité ».

Cette non prise en compte de la culture dans l’économie et vice-versa a d’ailleurs été au coeur des théories de nombreux économistes et tout particulièrement de l’école de Francfort avec à sa tête deux philosophes allemands Theodor Adorno et Max Horkheimer. Ils proposent dans les années 1940, d’analyser la communication et la culture de masse en termes d’ « industrie culturelle », concept sur lequel ils s’appuient pour dénoncer la faillite de la culture et sa chute dans la marchandise.

En France, le concept d’industrie culturelle est introduit par Edgar Morin à travers deux de ses ouvrages : le Cinéma ou l’Homme imaginaire (1958) et l’Esprit du temps (1962). La seconde moitié des années 1970 voit les premières études sur les « industries culturelles » et non plus sur l’ « industrie culturelle ». Cette économie de la culture propose pour chacune des branches (livre, presse, radio, disque, cinéma, télévision, vidéo) d’analyser le processus de production dans ses différentes phases (création-conception, édition, promotion, diffusion) ; d’évaluer les formes institutionnelles que ces diverses industries assument (privée, publique ou mixte), les contraintes que la rationalité technique et commerciale font peser sur les contenus. Un terme aujourd’hui rentré dans les moeurs et qui pourtant relève d’une grosse contradiction entre « industrie » et « culture » qui se voulait hermétique au marché et aux logiques capitalistiques.

L’émergence de ces théories économiques et leur diffusion se fait donc en regard d’une certaine « économisation » de la culture et à certains égards d’une marchandisation de la culture.

Les années 1980 ont ainsi été le théâtre d’une large vague de libéralisation dans tous les domaines et la culture n’y a pas échappé. Si ce mouvement est donc existant depuis plus de 30 ans il semble néanmoins s’accentuer avec une présence de plus en plus importante du privé dans la culture.

C’est ainsi cette émergence du privé dans la culture que nous allons interroger ici, à travers son financement, ses répercussions positives et négatives et les problématiques adjacentes que cela mobilise.

2) Etat des lieux du financement de la culture

En France a longtemps subsisté une tradition régalienne du financement public de la culture. Encore récemment Francois Hollande affirmait « la culture, ça fait partie de la République et le rôle du chef de l’Etat, c’est de défendre toujours et encore la culture ».

Effectivement les subventions publiques ont longtemps été la seule source d’aide aux institutions culturelles et alors que la crise économique bat son plein dans les années 1980 la France fait le choix d’apporter un soutien accru au champ culturel selon Jean-Pierre Saez. Une situation paradoxale se crée entre le vent de l’idéologie libérale que nous évoquions précédemment et les politiques publiques de l’État, déjà relayées par les collectivités territoriales, qui élargissent l’espace culturel soutenu par l’argent public.

Aujourd’hui du point de vue étatique, trois principaux pôles concentrent les trois quarts des crédits budgétaires en faveur de la culture. Il s’agit en premier lieu des sept programmes budgétaires gérés par le ministère de la culture de la communication pour un total de 3,9 milliards d’euros : création, patrimoine, livre, industries culturelles et recherche scientifique. Les autres principaux postes du budget général sont les avances à l’audiovisuel public (3,3 milliards d’euros) et l’enseignement scolaire (éducation artistique et culturelle à l’école 2,1 milliards d’euros).

D’un point de vue général néanmoins la culture s’appuie essentiellement sur l’économie marchande avec un financement privé à 80 %. Elle représente 85 milliards d’euros par an avec 50 % issus des consommateurs, 1/3 de la publicité, 20 % des pouvoirs publics, et 1 % du mécénat. L’économie du secteur est ainsi en totale transformation avec une nouvelle place occupée par l’argent privé. La crise économique majeure rencontrée par la France depuis 2008 a obligé de nombreuses institutions culturelles à ouvrir leur financement aux sources privées pour subsister.

D’un autre côté pour Dominique Sagot-Duvauroux cette insertion du privé dans le domaine doit être lue comme une volonté des entreprises de trouver un exercice différent de leurs responsabilités au sein de la société. La crise ayant mis en lumière les problèmes de la société, leurs ressources se sont davantage dirigées vers le social, l’éducation et la culture. Pour lui nous ne sommes plus dans les politiques culturelles de mécénat de Jack Lang des années 1980 mais bien dans la volonté d’une action sociale des entreprises.

3) Le privé comme opportunité pour les artistes ? …

Face aux difficultés économiques, pertes d’emplois rencontrées par les établissements culturels, la nécessité de se tourner vers les sources de financement privé s’est imposé.

Cette source de revenu représente une véritable opportunité pour les artistes et a permis la stabilisation et pérennisation de nombreux organismes culturels.

Les retours positifs sont certains, ainsi 32 % des entreprises de 20 à 99 salariés s’engagent dans le mécénat, souvent dit « de proximité » qui privilégient les impacts locaux.

Au delà de la ressource supplémentaire offerte, cette émergence du privé modifie également la réception de la culture par le public. En effet, pour l’économiste Dominique Sagot-Duvauroux cette nouvelle source de financement peut « susciter des vocations », en l’ouvrant à un nouveau public. Effectivement les entreprises aidant au financement de tel ou tel événement culturel pourront offrir des places à leurs employés, diffuser des publicités à la télévision… élargissant alors le public potentiel du domaine. Toujours dans cette ouverture de la culture au plus grand nombre, l’organisme Google art et culture vise à la numérisation des oeuvres pour offrir un accès aux visuels des oeuvres du monde entier sans payer de droit. Néanmoins si les entreprises clament leur bonne foi, la méfiance du milieu culturel est grande et la commercialisation de la culture est redoutée par les spécialistes.

4) … Mais qui cache une face plus sombre

A – Une introduction du privé dans la culture par différents biais

Attachons nous d’abord à identifier les divers canaux du financement privé de la culture.

Dans un premier temps, le biais le plus répandu et le plus connu est le mécénat. L’essor de cette pratique en France date du début des années 1960, sous l’influence du cabinet d’André Malraux. Mais si le concept de mécénat a acquis droit de cité en France, c’est grâce au combat de Jacques Rigaud et de l’équipe d’ADMICAL, l’association pour le développement du mécénat industriel et commercial et à l’action continue du ministère chargé de la Culture. Une nouvelle impulsion a été donnée par l’Etat au mécénat avec la loi du 23 juillet 1987 ( « loi Léotard » ) sur le développement du mécénat et la loi du 4 juillet 1990 sur la création du statut de fondation d’entreprise ( « loi Lang » ). En effet pour pallier à un régime français du mécénat peu incitatif, notamment en matière deréduction d’impôt, le ministère de la Culture a cherché les moyens d’une relance du mécénat. Cette réforme s’articule autour de trois axes : développer le mécénat des particuliers, par un renforcement substantiel des incitations fiscales, favoriser le mécénat des entreprises, par un doublement de l’encouragement fiscal et alléger la fiscalité des fondations.

En introduisant une réduction d’impôt de 60 % sur l’impôt sur les sociétés la France double ainsi l’avantage consenti aux entreprises. Par ailleurs des mesures incitent à l’acquisition d’œuvres d’art ou de trésors nationaux par les entreprises. Ainsi au cœur du mécénat se développe de plus en plus le mécénat d’entreprise, défini par le Ministère de la Culture comme « le soutien matériel apporté, sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une œuvre ou à une personne pour l’exercice d’activités présentant un intérêt général ». L’accent sur « l’intérêt général » étant d’ailleurs fortement mis par les entreprises face à leurs détracteurs. Alors que des voix s’élèvent dénonçant l’utilisation du mécénat pour intégrer ce milieu et en tirer des bénéfices comme le décrit Paul Rodin en disant que le mécénat est « le cheval de Troie des entreprises privées ».

Mais en réalité le mécénat n’est qu’une des nombreuses formes d’investissement privé.

Le mécénat doit ainsi être différencié du sponsoring. Ce dernier étant « le soutien matériel apporté à une manifestation, à une personne, à un produit ou à une organisation en vue d’en retirer un bénéfice ». Le Sponsor recherche un mode de publicité, un média original. Le sponsoring a des conséquences économiques et publicitaires pour l’entreprise bienfaitrice, car son nom, sa marque, son message vont être largement affichés lors des manifestations de l’entreprise bénéficiaire. Le terme de mécénat étant aujourd’hui souvent utilisé pour dissimuler en réalité du sponsoring.

A côté de ces deux pratiques, les pratiques réellement inquiétantes pour le domaine culturel sont les investissements directs des entreprises et la création de leurs propres antennes culturelles. En effet de plus en plus, les anciens mécènes du CAC 40 délaissent le mécénat pour investir directement dans la culture avec de véritables stratégies industrielles. Avec des logiques verticales, voire monopolistiques, ces grands groupes cherchent à contrôler toute la filière depuis la création jusqu’à l’exploitation en passant par la production et la diffusion. Ils contrôlent la chaîne de bout en bout en cherchant avant tout la rentabilité. Ce qui est critiquable ce sont donc les stratégies à 360° où les entreprises contrôlent tout pour pouvoir en retirer des avantages monétaires avec par exemple les billetteries, les cafés, les parkings autour du musée et le développement de stratégies commerciales autour de l’artiste.

B – Une aide loin d’être désintéressée

Les exemples de partenariat entre des structures culturelles et des entreprises ou même de fondations privées se multiplient aujourd’hui et cela pour de nombreuses raisons.

Prenons d’abord l’exemple d’un partenariat de 10 000 euros à St-étienne du Rouvray entre un théâtre et l’hypermarché Leclerc, si ce financement privé complémentaire est vital pour le théâtre il est aussi très fructueux pour la chaîne d’hypermarchés. En effet le nom de la chaîne apparait sur les affiches des lectures organisées par le théâtre, or Leclerc est le deuxième vendeur national de livres. Ce financement apparait donc comme une stratégie commerciale puisque la chaine profite de cette légitimé et cette publicité et allant même plus loin en organisant son propre festival du livre.

Comme deuxième exemple nous pouvons prendre l’engagement culturel d’Eni. Cet engagement loin d’être désintéressé et utilisé comme un moyen de publicité et de « glorification » de l’entreprise. Comme pour certains engagements humanitaires, ici l’investissement culturel semble avant tout être une question d’image. En 2006 Eni lançait son « Culture de l’énergie, énergie de la culture » pour promouvoir la relation entre l’industrie et la culture. Puis en 2009 elle devenait « mécène exceptionnel du musée du Louvre » avec son nom gravé en permanence dans la fameuse Pyramide, offrant une publicité considérable pour l’enseigne.

Cette stratégie ne se limite évidemment pas à cette entreprise, elle est en réalité la véritable motivation de la plupart des entreprises investissant dans le domaine.

On peut ainsi craindre plusieurs conséquences négatives à l’issue de l’association de ces deux mondes, d’abord la mise en place d’une certaine tutelle sur l’organisation en question totalement dépendante des ressources de l’entreprise. Ensuite un désengagement d’autant plus important de l’Etat. Ces associations peuvent également venir « pervertir » la création dans la mesure ou elle peuvent devenir le lieu de placement de produits et de modification de l’offre artistique devant se plier aux exigences de l’entreprises de produire et représenter des oeuvres plus connues et reconnues pour correspondre au public le plus large possible.

L’impact de cet investissement sur l’image de l’entreprise est donc évident et plus le projet soutenu est d’un certain standing, plus le bénéfice en termes d’image et de reconnaissance en est important. On peut ainsi penser à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, ou à la Fondation d’entreprise Hermès ou encore l’action de Vinci pour la galerie des glaces à Versailles pour n’en citer que quelques-uns.

C – Entrainant une uniformisation de la culture

C’est alors la liberté de la création qui est mise en danger avec une possibilité de « censure » qui apparait et surtout une uniformisation de la culture qui est en jeu, à l’image des grands groupes tels que Lagardère, propriétaires de plusieurs journaux.

En effet avec une modélisation du monde de la culture par de plus en plus d’entreprises on peut craindre une mutation de celui-ci vers un marché répondant seulement aux lois de l’offre et de la demande. Entrainant ainsi une sorte de culture « mainstream » correspondant aux goûts du plus grand nombre, une « culture de marché » que décrit Frederic Martel dans son ouvrage. Une « mainstreamisation » de la culture qui vise à faire du profit au niveau national mais surtout à s’inscrire dans la guerre mondiale des industries culturelles selon l’auteur.

Pour exemple de cette dernière on peut se pencher sur les conventions signées entre la Bibliothèque nationale de France et des sociétés privées en vue de numériser 70 000 livres datant de 1470 à 1700. En outre, la transmission d’un patrimoine culturel public à des entreprises privées présente un risque notable de censure, car elles pourront faire disparaître un certain nombre de sources au contenu dérangeant ou en tout cas incompatible avec les valeurs de la démocratie de marché et d’opinion. Cet exemple de privatisation de la culture s’inscrit dans une marche vers l’acculturation des masses, aboutissant à détacher les individus de leur culture nationale et à les transformer en simples consommateurs transnationaux.

5) Un regard sur la situation internationale

L’Europe méditerranéenne connait des mutations assez similaires aux françaises avec un glissement progressif vers la privatisation à l’image de l’Italie, qui va encore plus loin que la France, avec depuis 2003 une nouvelle loi de finances du gouvernement Berlusconi qui permet au secteur privé de gérer les musées nationaux.

Le contexte dans les pays anglos-saxons et plus particulièrement les Etats-Unis est totalement différent, comme le montre H. Schiller, la culture a ainsi de tout temps été privatisée aux Etats-Unis avec un financement public de la culture pratiquement inexistant à part dans certaines parenthèses historiques comme durant la grande dépression des années 1930.

Cette différence a donc avant tout une explication historique, traditionnellement en France l’Etat est très impliqué dans le domaine culturel car notre champ culturel public est le produit du développement de l’État-nation, qui a conféré à l’État, la légitimité nécessaire pour représenter l’en- semble de la communauté. Et cet investissement s’est maintenu car elle correspondait aux attentes de la classe moyenne triomphante et à ses représentants politiques au sein de la bureaucratie étatique. C’est d’ailleurs ce qui fait dire à François Debiesse dans ce débat sur le financement que vouloir favoriser un financement à majorité étatique relève surtout d’un certain élitisme de la pensée.

La situation au Québec est un peu à part, avec une stabilisation et stagnation du financement public de la culture selon Yvan Gauthier. La part globale du privé dans le financement de la culture est assez compliqué à déterminer mais selon lui ce qui a vraiment changé dans le paysage de la création artistique, c’est la venue du numérique. Et cette nouvelle donne n’a pas été intégrée par les modes traditionnels de financement des arts. « La culture a été le cheval de Troie des technologies numériques » , dit-il, mentionnant que les technologies numériques n’ont pas encore aussi largement investi les mondes de la santé ou de l’éducation. Et c’est cette venue du numérique selon Mélanie Joly qui crée un certain « vide » parce que les politiques culturelles du gouvernement fédéral n’ont pas été adaptées aux changements technologiques et à la façon dont les Canadiens consomment la culture. En effet le domaine privé est davantage adapté au numérique et ce dernier ouvre une certaine porte d’entrée à ce dernier.

6) Une alternative face au financement public/privé = le collaboratif

Face à ce débat entre financement privé et public une alternative est en train de voir le jour, l’organisation de la création au sein d’organisations coopératives et le financement communautaire dit crowfunding.

Ainsi les propositions pour changer le mode de financement de la culture sont nombreuses comme celle de Martin Frappier qui affirmait récemment que sur le plan de l’économie sociale « il faudrait inventer un mode de financement pour des mutuelles qui permettraient aux artistes de détenir des lieux collectifs de création et de diffusion ».

Les artistes s’organisent ainsi de plus en plus en pôle souvent dans des quartiers populaires à l’image de la Coursive Boutaric qui visent à structurer la filière culturelle et créative du territoire par la création d’outils d’aide à l’émergence et à la professionnalisation des entrepreneurs culturels et créatifs.

Des partenariats se font également à grande échelle, dans le domaine du livre, des fêtes du livre, soutenues par les politiques territoriales, peuvent ainsi associer des collectivités publiques, des bibliothèques, des éditeurs, des libraires, des diffuseurs, des auteurs, des lecteurs, des lieux d’exposition, des écoles, etc.

Les musiques actuelles incarnent quant à elles un terrain largement emblématique d’une économie mixte, collaborative, animée par l’esprit d’intérêt général : salles publiques ou indépendantes, producteurs, diffuseurs, musiciens, formateurs, écoles de musique, pouvoirs publics et site de financement collaboratif tel que mymajorcompany.

A cela s’ajoute la montée en puissance d’un mécénat citoyen résultant du regroupement des efforts d’individus ou de structures désireux de s’associer autour d’un même projet. Le financement participatif a ainsi indéniablement permis une démocratisation de la culture. Tous les citoyens ont aujourd’hui la possibilité de devenir mécènes. D’investir dans des projets qui n’auraient pas vu le jour autrement. Par exemple, le spectacle Son et lumières du Château du Blanc Buisson qui a réussi à collecter 5 080 € sur la plateforme KissKissBankBank. Ou encore l’un des exemples les plus important, la campagne menée par le musée d’Orsay (sur Ulule) pour la restauration du tableau L’Atelier du peintre de G. Courbet. En seulement 80 jours, 155 374 € ont été collectés sur un objectif

Un nouveau mode de financement là aussi permis par les nouvelles technologies et l’omniprésence des réseaux sociaux qui s’inscrit dans ce que l’économiste Jeremy Rifain appelle la « troisième révolution industrielle » fondée sur le partage et la circularité.

C’est finalement un courant de financement alternatif qui s’ouvre ou le rôle est redonné au consommateur qui par son action peut « soutenir une autre idée de la création » indépendante du privé ou de l’étatique.

Néanmoins des voix s’élèvent déjà contre ce phénomène, reprochant une incitation au désengagement de l’Etat. Le ministère de la Culture et de la Communication qui avait déjà saisi cette révolution en soutenant la création en 2013 de la plateforme parisienne Proarti qui a contribué à la concrétisation de 271 projets.

CONCLUSION 

Finalement cette émergence du privé dans la culture qui est pour certains le synonyme du délaissement du domaine culturel par la politique, n’est pour d’autres que le simple écho de l’évolution de la société vers une libéralisation de tous les domaines.

Les chiffres montrent que bien que l’investissement direct des entreprises dans la culture se développe il ne se fait pas au détriment du mécénat, et semble montrer la permanence de l’action dans un but d’intérêt général.

Mais cette présence de plus en plus importante du privé dans la culture entraine plusieurs mutations, certaines évoquées précédemment mais aussi du point de vue de l’artiste lui-même. Aujourd’hui il faut devenir entrepreneur de sa propre carrière, gérer la relation aux fans, savoir répondre aux demandes de composition particulières, l’artiste doit désormais être transectoriel d’après Dominique Sagot-Duvauroux, peut-être une étape vers le dépassement du statut d’intermittent du spectacle.

Néanmoins un problème se pose dans l’investissement privé, bien qu’il permette à de nombreux projets de se monter et à des organisations culturelles de survivre, les ressources injectées ne reviennent finalement que très peu aux artistes. Une mauvaise redistribution de la valeur qui questionne la réelle plus-value de ce financement pour la création.

Derrière cette question du financement se cache finalement celle de la liberté de l’accessibilité à la culture. L’apport de fonds privés n’est pas forcément plus néfaste que les publiques, bien qu’ils modifient la vision de la culture traditionnelle, le plus important est qu’il n’y ait pas de prédominance d’une nature de financement sur l’autre. Il faut oeuvrer pour l’existence d’un financement hybride équilibré entre publique et privé permettant l’offre la plus large possible.

Bibliographie 

  • Jean-Pierre Saez « Les rapports publics privés dans la culture », L’Observatoire des politiques culturelles (Juillet 2009)
  • Economie et culture, volume 4 « De l’ère de la subvention au nouveau libéralisme », Xavier Dupuy, la Documentation française (1990)
  • « Financement de la culture: un regard neuf sur le mécénat privé » Christophe Mazurier, Huffington Post (30/06/2014)
  • France culture « Quand la culture devient un produit comme les autres » (23/06/2017)
  • Economie des arts et de la culture François Mairesse et Fabrice Rochelandet, Armand Colin (2015)
  • Mainstream. Enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde Frederic Martel, Flammarion (2010)
  • « Comment financer la culture ? » La documentation française (02/ 04/2015)
  • « De l’utilisation des partenariats public-privé en matière culturelle » Jean-François Auby, L’Observatoire des politiques culturelles (Juillet 2009)
  • « Paul Rondin : « Le mécénat est le cheval de Troie des groupes privés » Le Monde (22.04.2017)
  • « Mécénat et sponsoring culturels dans un contexte numérique » Club innovation et culture france (21/11/2010)
  • « Qu’en est-il de la privatisation culturelle au Québec? », Caroline Montpetit (23 février 2017)
  • « La privatisation de l’espace culturel aux États-Unis », Herbert I. Schiller, Cahiers de recherche sociologique (1986)
  • « Financement participatif et culture : le juste équilibre » Isabelle Jouve, Culturcom (01/05/2015)
  • « La création à l’heure du « crowdfunding »» Aureliano Tonet, Le Monde (16/01/2013
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